vendredi 27 juin 2008

15 minutes de gloire

Traduit de "15 Minutes of Fame" de Marty Becker

Je me suis précipité hors de l’aéroport et j’ai couru vers un taxi en attente. J’ai été accueilli par un conducteur qui avait une barbe de trois jours, des bras comme des jambons, et une vieille casquette de base-ball.

En balançant les bagages dans le coffre, il a remarqué un autocollant, et m’a dit :
« Vous êtes toubib ? »
« Pas vraiment, vétérinaire… »

Immédiatement son air renfrogné a fait place à un grand sourire.

A peine la portière fermée, et une vitesse enclenchée, il m’asséna:

« Ma femme râle, elle trouve que j’aime mon caniche Missy plus qu’elle. Elle dit que rien qu’une fois, elle voudrait que j’ai l’air aussi content de la voir elle que quand je retrouve Missy. Mais, Doc, c’est pas possible. Faut voir, quand je me rentre, après toute la journée dans mon taxi, mort de fatigue, j’ouvre la porte, et elles sont là toutes les deux à me regarder. Elle, elle fait la gueule, prête à me passer un savon. Missy, de son coté, frétille de joie, elle en tremble presque, elle a comme un sourire, d’une oreille à l’autre. Alors avec ça, vers qui vous pensez que je vais me précipiter ? »

J’ai hoché la tête, je comprenais très bien ce qu’il ressentait. Il aimait sa femme, mais il voulait juste avoir le droit de savourer ses 15 minutes de gloire.

Tout le monde obtient ses 15 minutes de gloire au moins une fois dans sa vie. Mais nous autres, qui avons des compagnons à 4 pattes, nous avons droit à nos 15 minutes chaque fois que nous rentrons à la maison, ou même des fois quand on revient de la pièce à coté !

Quelques jours plus tard, je suis rentré chez moi. J’étais fatigué de mon voyage, et j’avais hâte de retrouver ma famille. En remontant l’allée, je plissais les yeux pour apercevoir ceux que j’aime. Mes deux garçons sont très proches de moi, mais leurs visages n’étaient pas pressés derrière les carreaux à m’attendre. Je n’ai pas vu non plus ma femme chérie traverser en courant la pelouse pour me serrer contre son cœur.

Mais je ne me suis pas senti désespéré. Je savais que j’étais attendu, j’étais la star, l’idole, le héros de Scooter et Sirloin, mes deux chiens.

A peine le temps de sortir de la voiture et ils étaient déjà sur moi, un tourbillon de poils, leur queues tournoyant comme des hélices, leurs yeux pleins d’amour brillant d’excitation.
Je me suis transformé instantanément en crétin fini.
J’étais la, débarrassé de tout le fatras social, sans masque et sans fard.
J’étais moi-même.
Qu’importe ma calvitie naissante, ma petite bedaine, les gens grognons, la fatigue du voyage.

Heureusement, j’étais dans l’intimité de ma demeure, parce que ce qui s’est passé ensuite aurait totalement détruit mon image de professionnel sérieux.
Je souriais comme un idiot, béat de joie, et d’une voix de fausset je débitais des fadaises. « C’est qui le booon chien, tu as été bien saaaage, mais oui, je t’aiiiime, et toi, ma princesse, t’es beeelle…”.
Ils répondait en se pressant contre moi, présentant flancs, ventres, dos à mes caresses. J’avais l’impression physique de me ressourcer dans leur énergie positive.
Comme c’était bon d’être rentré !

J’ai rejoint le reste de la famille en franchissant les marches d’un bond, le cœur ouvert, le stress envolé, et l’âme heureuse, retapé par mes 15 minutes de gloire.

Marty Becker - 15 Minutes of Fame

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quelle vérité!!!
Chaque jour un accueil enthoutiaste non simulé, une joie intense et spontanée... Ce texte est splendide, et il nous rappele que le bonheur est fait de petits instants magiques comme ceux là.
Bravo!