mercredi 25 juin 2008

Le jardin

*** toute ressemblance avec des personnages existants serait parfaitement volontaire ***

M et Mme T. avaient toujours dit : « Un chien en appartement, c’est cruel, un chien a besoin d’un jardin pour se défouler. »

Ils ont attendu d’avoir une maison avec jardin avant de céder aux supplications des enfants et d’acheter un chien, un labrador, on dit qu’ils sont tellement intelligents.

A son arrivée, Fisher n’était alors qu’une petite boule de poils, pataud et adorable.

Les premiers temps ont été tellement merveilleux, « Fifi » avait droit à toutes les attentions. Les enfants ne se lassaient pas de montrer Fifi à tous leurs copains, ce qui faisait de multiples occasions de sorties. Fifi donnait la patte, montrait tous ses talents. Le dimanche, c’était de longue balades en foret, avec toute la famille. Le soir, Fifi somnolait repu et béat, en observant ses humains entre ses cils.

Mais assez vite, Mme T. a décrété que les traces de pattes sales n’étaient pas du meilleur effet dans son living, et puis d’ailleurs « un chien, c’est mieux dehors, et puis, il a tout le jardin pour se défouler ». Fisher a vu déménager son panier dans le garage. Fini les soirées douces au sein de la meute, la porte du foyer était fermée.

Les enfants ont grandi… maintenant, ils préfèrent les jeux vidéo aux balades en foret, mais heureusement « le chien a tout le jardin pour se défouler ». Il n’y a plus tellement de place dans leurs vies pour Fisher (plus personne ne l’appelle jamais plus Fifi).

Les journées se succèdent pour Fisher, identiques.

Le matin, la famille bousculée s’affaire, l’un crie « quelqu’un a mis des croquettes au chien ? »…. Et Fisher se retrouve seul, avec son panier empuanti par les odeurs de pot d’échappement.

Le jardin ? Il en connaît chaque brin d’herbe, comme un livre cent fois relu.

Il n’y a qu’une chose bien dans sa vie, le passage du facteur. Jours après jours, Fisher triomphe, et met en fuite cet intrus qui n’a jamais réussi à rentrer ! Fisher est très fier d’avoir ainsi défendu le territoire de la famille. Le facteur repart en maugréant « sale clebs » ce qui doit bien vouloir dire qu’il s’avoue vaincu.

Fisher va ronger un vieux bout de bois… Il tourne en rond, il attend, il attend toujours, il ne sait pas quoi, il ne sait plus quoi.

Avant, il frémissait d’attente, les enfants rentraient de l’école, et c’étaient des jeux, des caresses. Maintenant, ils jettent juste « salut le chien » avant de rentrer s’affaler devant la télé.
Il ne voit M et Mme T. que le temps de garer la voiture.

Ce matin, Fisher a eu l’occasion, celle qu’il n’attendait plus, le portail n’était pas bien fermé. Fisher s’éloigne, s'ennivre d'odeurs, de bruits, d’émotions, de découvertes. Fisher revit !

M et Mme T. ne comprennent pas pourquoi Fisher a fugué, il avait tout le jardin pour se défouler…

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